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MCITY : Pourquoi avoir choisit d'intituler cet album Wasp Star et non
pas directement Apple Venus Vol. 2 ?
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Andy Partridge : Parce que nous sentions que cela n'aurait pas
été très pertinent... "Apple Venus" était
peut-être un titre parfait pour le premier opus, mais pas pour le
second. Nous avions besoin d'un titre plus électrique, plus sombre.
Colin Moulding : "Apple Venus" est un titre plus tellurique,
plus féminin...
Andy : ...il suggère quelque chose de plus païen.
Durant le mixage de l'album, j'étais très soucieux car nous
n'avions pas de titre pour cet album. Or, je venais d'acheter un livre sur
l'art pictural des Aztecs édité par le British Museum, et je le
lisais pendant que nous étions en train de mixer. Et j'y ai vu une
fresque intitulée "Wasp Star" (littéralement "guêpe
étoile", ndr), et j'ai trouvé ce terme très beau,
très poétique, parce que ce sont deux mots que tu n'associes
jamais l'un à l'autre et qui n'ont aucun sens dans le langage
occidental. Mais ces deux mots mis ensemble provoquent une belle friction
poétique, ils créent une étincelle et dégagent
beaucoup d'énergie. Et un peu plus loin, j'ai appris que "wasp star"
était le mot Aztèque pour "Venus" ! C'était exactement ce
qu'il nous fallait !
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MCITY : La chanson qui ouvre l'album est Playground, qui semble traiter
de l'école ?
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Andy : J'ai du mal à l'admettre, parce que je ne veux pas revenir
sur cette histoire de divorce, mais cette chanson m'est venue de l'idée
d'une fille qui te quitte pour aller jouer avec un autre garçon sur le
vélo duquel elle peut monter. J'ai commencé à penser que
ce type de comportement, bien qu'il s'agisse aussi d'un divorce, est exactement
ce que font les enfants. Tu peux jouer avec quelqu'un toute la journée,
et soudain un autre enfant arrive, ton compagnon de jeu te dit : "Allez, salut
!", et il t'abandonne pour partir avec cet enfant. C'est une façon
tellement enfantine de voir le monde, une vision en noir et blanc avec une
grande indifférence envers les émotions. J'ai donc pensé
que les adultes agissaient en fin de compte exactement comme les enfants. Je me
suis aperçu qu'il n'y avait aucune différence entre ce que tu
fais à l'école et ce que tu fais quand tu es plus
âgé dans la vie de tous les jours ! Ton comportement, le fait de
maltraiter ou d'être maltraité, de manipuler ou d'être
manipulé... Il semblerait que l'école est un terrain
d'entraînement pour devenir un adulte cruel. Et la toute dernière
phrase de la chanson a été improvisée sur la démo,
parce que j'arrivais à la fin de la chanson et je ne savais plus quoi
dire. Ça a donné "You may leave school but it never leaves you
(Tu peux quitter l'école mais l'école ne te quitte jamais, ndr)".
Et j'ai pensé que c'était là l'essence même de cette
chanson !
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MCITY : Il y a ensuite Stupidly Happy, qui possède un riff de
guitare obsédant. Que pouvez-vous nous dire sur cette chanson ?
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Andy : Celle-ci m'est venu un jour où j'étais dans un
état d'esprit très positif mais en même temps très
fainéant. Je n'arrivais pas à me concentrer sur la moindre
chanson et je voulais juste m'amuser avec ma boîte à rythmes. Et
tandis que je jouais ainsi, je me suis dit : "Quel est mon rythme favori ?
Celui de Charlie Watts pour "Jumpin' Jack Flash" !" (il le mime avec la
bouche). C'était un rythme très spasmodique et je l'ai
aussitôt recréé avec ma boîte à rythmes. Et
puis j'ai pensé : "Où est ma guitare électrique ? Je vais
me faire un riff à la Keith Richards/Fuzztones 1966 !" Ensuite j'ai
repris quelques vieux riffs des Stones pour le fun, et je me suis alors
heurté accidentellement à ce riff qui venait de nulle part ! Je
me suis jeté sur la bande pour l'enregistrer et j'ai joué ce riff
pendant au moins 15 minutes tandis que la boîte à rythmes
continuait à tourner. Quand j'ai posé ma guitare, je me sentais
si bien que je voulais sauter partout en chantant ! Parce que je tenais
peut-être là une chanson ! J'ai donc commencé à
chanter, et la première chose qui m'est alors passée par la
tête était simplement l'état dans lequel je me trouvais :
j'étais "bêtement heureux" ! Cette chanson a été
faite en quelques secondes, elle m'est venu instantanément,
c'était comme prendre une cuillérée de son coeur : "Tiens,
voilà mes émotions du moment ! Plop !" C'était un titre
très facile à écrire, et qui résume bien
l'état d'esprit des gens qui sont amoureux : parfaitement heureux et un
peu idiots !
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MCITY : Colin, que peux-tu nous dire sur In Another Life, le premier des
trois titres que tu as composé pour cet album ?
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Colin : J'aime écrire à propos de la vie de famille, du
quotidien. C'est un sujet qui s'impose régulièrement à
moi. Et il était inévitable que j'en vienne à
écrire un jour sur le mariage, étant moi-même un homme
marié depuis très longtemps. Cette chanson ne parle pas de mon
mariage mais de plusieurs mariages, de celui de mes parents ... J'ai donc
utilisé des symboles venus de différents univers : comme Liz
Taylor et Richard Burton, qui ne sont pas mes icônes mais plutôt
celles de mes parents. Je ne voulais pas parler du mariage dans un style
"country & western", mais plutôt avec un côté "musical
anglais", avec de l'humour.
Andy : J'aime le traitement "homme-orchestre lysergique" du son
de cette chanson. Ça fonctionne très bien.
Colin : Et la partie rythmique fait penser à un voisin
qui cognerait contre le mur.
Andy : "Arrêtez ce boucan ! Boum, boum, boum ! ! !"
Colin : J'aime bien écrire sur les aspects de la vie
domestique, parce que cela est assez évocateur pour les gens. Pour les
couples mariés par exemple (rires). Cette chanson parle aussi de comment
les gens peuvent vivre ensemble malgré toutes leurs différences.
Nous savons tous comment nous sommes et ce qui nous différencie de
l'autre, et nous essayons néanmoins de faire un bout de chemin ensemble.
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MCITY : Tu parlais des Rolling Stones, mais la chanson My Brown Guitar
évoque irrésistiblement les Beatles ?
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Andy : Peut-être. Un peu comme si on avait mélangé
l'intégralité du "White Album" dans une seule chanson. Mais ce
n'était pas intentionnel. D'ailleurs, cette chanson dans son ensemble
est un accident ! On m'avait demandé de donner une chanson pour le Halo
Records Club, qui est dirigé par le groupe américain They Might
Be Giants. C'est un système auquel les gens souscrivent en donnant de
l'argent pour recevoir des disques de démos d'artistes susceptibles de
les intéresser. Mais lorsqu'on m'a demandé d'offrir une chanson
pour ce club, je n'avais rien à donner. Je me suis alors dit que
j'allais écrire quelque chose de façon automatique, sans aucune
idée préconçue de ce que j'allais écrire. J'ai donc
commencé par enregistrer un tempo sur une bande, puis je me suis mis
à jouer des accords sans en attendre quelque chose de particulier, en
alignant juste les premières notes qui me passaient par la tête,
et qui n'avaient pas forcément grand-chose à voir les unes avec
les autres. Cela donnait un motif répétitif. Puis les premiers
mots s'imposèrent à mon esprit, comme si c'était le
subconscient qui avait pris la parole et dirigeait tout. Ce fut donc un morceau
écrit de façon complètement automatique, sans aucun
concept. Mais tel que je connais mon subconscient, il en ressort finalement
que c'est une chanson sur le sexe. J'en conclu donc que je suis quelqu'un de
terriblement prévisible (rires).
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MCITY : Boarded Up est le seul morceau acoustique sur cet album ?
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Colin : Oui. Nous avons effectivement pensé que "Boarded Up"
pouvait plutôt appartenir au premier volume. Mais il a finalement atterri
sur le "Volume 2" parce qu'à la réflexion, il nous a
semblé qu'il serait mieux de le placer là en guise de contraste
par rapport à ce qu'il y avait sur le reste du disque. C'est une sorte
de complainte sur ma ville natale. Je voulais installer une atmosphère
qui évoquerait ces villes fantômes de l'Ouest en plein milieu du
désert, quelque chose à la Clint Eastwood. C'était en tout
cas la métaphore que je visais à l'origine, mais c'est une
idée que j'ai un peu abandonnée en cours de route, car l'aspect
"provincial" de cette histoire a pris peu à peu le dessus. Le sujet
principal est le fait que ma ville natale ignore complètement l'art.
Swindon est une ville qui ne place pas vraiment l'art en tête de ses
priorités : il y est plus question de courses de lévriers...
Andy : ... et surtout de beuveries, de bagarres et de football !
Colin : On préfère essayer d'acquérir le
statut de "grande ville" en érigeant de hauts immeubles de bureaux,
plutôt que d'en faire un endroit agréable à vivre pour tout
le monde et de prendre l'art en compte. Ce morceau parle donc des groupes et
des troupes de théâtre qui ne veulent pas venir se produire
à Swindon parce que c'est une ville qui ne considère pas l'art
comme une chose primordiale, et cela déteint sur l'attitude du public
lorsque des artistes viennent enfin à Swindon !
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MCITY : I'm The Man Who Murdered Love est sans doute la chanson la plus
ironique de l'album. D'où t'es venu ce sujet ?
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Andy : J'aimait bien cette idée malicieuse de libérer
l'humanité de toute responsabilité, afin que les humains puissent
être aussi odieux qu'ils le veulent les uns avec les autres, sans avoir
à prétendre qu'il s'agisse d'autre chose que du fait d'être
simplement des hommes ! Je me suis donc demandé ce qui se passerait si
l'amour était si sous-employé et s'ennuyait tellement, car il
faut dire que nous n'employons plus beaucoup l'amour de nos jours, qu'il venait
vers moi pour me dire : "S'il te plait, je n'ai plus de travail, je t'en prie
tue-moi ! C'est un acte de pitié, plus personne ne veut d'amour
aujourd'hui, met un terme à ma souffrance !". Donc je le tue, il me
remercie, et alors qu'il gît mort sur le sol, tous les dieux du ciel
semblent exploser et disent : "Wouah ! Tu as libéré
l'humanité de l'hypocrisie de l'amour, des problèmes qu'il
apporte, des divorces, des séparations, des c'urs brisés...
L'espèce humaine est débarrassée de tout cela, et les
hommes peuvent être aussi horribles qu'ils veulent les uns envers les
autres sans aucun sentiment de culpabilité". Je me considère
alors comme un héros, mais bien sûr les autorités me
prennent pour un être malfaisant parce que j'ai tué quelqu'un.
C'est donc effectivement une chanson ironique, basée sur un jeu de mots,
quelque chose d'assez espiègle.
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MCITY : Les paroles de We're All Light semblent mettre en opposition le
point de vue scientifique et des choses inexplicables, comme les sentiments ou
l'amour ?
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Andy : C'est une fois de plus un morceau qui est né d'un
sentiment positif. Tu est de très bonne humeur et tu cherches à
savoir comment exprimer cet optimisme. La phrase "We're all light" a surgi sans
ma tête sans que je sache pourquoi, alors que je grattais ma guitare
électrique comme un banjo. Je me suis alors mis à improviser sur
cette série de mots, et je me suis retrouvé dans cette suite de
jeux de mots quasi convulsive à la "Marabout, bout de ficelle?",
à essayer de trouver des rimes pour le mot "million". Comme "Jack and
Jilin" par exemple, car Jack & Gill sont deux personnages de comptine qui
apportent de l'eau. J'ai alors pensé que le dinosaure pourrais voir son
destin en regardant son reflet dans l'eau, puis en sautant un milliard
d'années plus tard on trouverait l'être humain. J'aime jouer ainsi
avec les mots, mes chansons sont généralement pleines de jeux de
mots. On peut effectivement voir cela comme un baratin scientifique. Nous
sommes d'ailleurs tous fondamentalement fait de déjections
d'étoiles ! Dans la chanson je parle "d'éternuements
d'étoiles", ce qui est un peu plus poétique. Les étoiles
baisent et des millions d'années plus tard, nous voilà ! Et pour
finir, nous retournons ensuite dans le ventre d'une étoile.
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MCITY : Standing In For Joe raconte une histoire assez triste mais sur
une musique très joyeuse et mélodieuse ?
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Colin : La musique est effectivement très douce, mais il y a une
raison à cela. Cette chanson a été écrite pour un
projet auquel nous devions participer il y a quelques années :
"Bubble-Gum Songs". Ce devait être un album regroupant 10 ou 12 groupes
différents, qui devaient écrire des chansons à la
manière de ce que l'on pouvait entendre à la fin des
années 60 ou le début des années 70, avec une musique
très sucrée et des refrains très accrocheurs. Dave Gregory
(l'ex-guitariste de XTC, ndr) m'avait donc donné une cassette en me
demandant d'écouter les autres titres composés afin d'avoir une
idée générale du genre de morceau que nous devions faire.
Et en écoutant ces morceaux tout en lisant la liste des titres, je me
suis aperçu qu'un certain nombre des groupes présents avaient
"Joe" dans leur nom ! Je me suis donc dit que c'était lui le personnage
principal et qu'il fallait que je l'incluse dans le titre. J'ai alors
imaginé une sorte de romance country & western, avec cette
drôle d'histoire d'adultère... Voilà comment cela a pris
forme, je n'avais pas à être véritablement moi-même
pour cette chanson, c'était juste quelque chose de très amusant
à faire.
Andy : Nous n'avons finalement jamais participé à
ce projet "Bubble-Gum", mais nous avons gardé les chansons que nous
avions composées. Et comme celle-ci était la meilleure au niveau
des textes et de la mélodie, cela nous paraissait amusant de le refaire
pour cet album.
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MCITY : Wounded Horse possède un ton un peu "country &
western", surtout dans ta façon de chanter. Est-ce une volonté
délibérée ?
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Andy : J'ai essayé de chanter comme un ivrogne
déprimé. Le thème en est pourtant très
sérieux : je me suis senti extrêmement blessé lorsque ma
femme m'a quitté. Mais je me suis dit que je n'allais pas me complaire
dans cette détresse et j'ai écrit une chanson avec un
équilibre entre le doux et l'amer : un sujet très acide, puisque
c'est celui de se faire jeter par quelqu'un, mais que j'allais traiter de
façon plus enjouée, précisément en chantant comme
un ivrogne de dessin animé. Cela aidait en effet à créer
cet équilibre, sinon l'ensemble aurait été tellement
larmoyant et dépressif que les gens s'en seraient
détournés. C'est important d'atteindre les gens, d'entrer en eux
avant d'exploser. Donc ce morceau a vraiment été chanté
comme si je jouais à être ivre. Et cela tend à
contrebalancer l'auto-apitoyement qu'il peut y avoir dans les paroles, ce
sentiment d'être un perdant une fois de plus. L'équilibre entre la
douceur et l'amertume est toujours essentiel.
Colin : Oui, il doit y avoir de l'humour en cours de route pour
aérer un peu l'atmosphère
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MCITY : You And The Clouds Will Still Be Beautiful sonne comme une
chanson très positive, une chanson d'amour ensoleillée ?
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Andy : Elle sonne comme cela, mais en fait elle fut écrite
à la fin de sessions pour "Nonsuch", ce fut la première chanson
composée pour cet album historiquement. Elle parle de la situation dans
laquelle nous nous trouvions mon ex-femme et moi à ce moment-là,
du fait que nous étions très souvent en train de nous battre.
Nous nous jetions véritablement la vaisselle à la figure et nous
en étions vraiment arrivé à nous battre physiquement. Mais
en dépit de cela, elle restait physiquement une très belle femme,
et c'était très dur de me faire à l'idée que je me
battais avec une si belle femme. C'est donc encore cette idée de
doux-amer. J'aime aussi le fait que mon chant patine littéralement
par-dessus le rythme, j'aime me sentir libre de surfer sur la musique, ne pas
être enfermé dans une boîte. Ma façon de chanter et
la mélodie pour cette chanson sont vraiment nées de mon
désir de patiner au-dessus de la musique, et à nouveau de
créer ce paradoxe entre une situation très âpre, de deux
personnes ivres qui se tapent dessus, et le fait que malgré tout, au
milieu de tout cela, elle n'en demeure pas moins une très belle femme.
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MCITY : Church Of Women possède un rythme très reggae,
chose que nous n'avions pas entendue sur un disque de XTC depuis bien longtemps
?
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Andy : Ce n'est pas vraiment un rythme reggae, je dirais plutôt
que c'est une boucle sensuelle, comme le rythme des hanches d'une femme
lorsqu'elle marche. Ce n'est pas un mouvement masculin mais typiquement
féminin. Donc ne me demandez pas de faire ce mouvement, je n'ai pas les
hanches pour cela ! À propos de "Church Of Women", il faut dire que les
femmes ont toujours eu mauvaise presse. On leur a retiré tous les
pouvoirs qu'elles pouvaient avoir et ont été
évincées de tout ce qui avait un rapport au pouvoir : on les a
tenus à l'écart de la politique, de la religion... La religion
les a accusés de tout ce qui était arrivé de mauvais
à l'homme. Elles ont été écartées de tout ce
qui pouvait leur donner la moindre forme de pouvoir, car évidemment, on
ne donne jamais le pouvoir, on prend le pouvoir. Donc je voulais maintenant
prendre la parole et dire à tout le monde que j'aime les femmes et que
je suis de leur côté. Et je pense que si il y a un besoin de
religion, alors "L'Église Des Femmes" est la meilleure des religions que
je puisse imaginer. On pourrait alors y vénérer leur intellect,
leur chair, leur créativité. Les femmes sont sensationnelles, et
je suis contre tous ces délires machistes, cette haine des femmes. Il y
a trop de glorification de la haine des femmes de nos jours.
Colin : Il y a beaucoup d'hommes qui se sentent plus à
l'aise en compagnie des femmes qu'en compagnie des hommes. Principalement les
garçons qui sont plus délicats et sensibles. Très souvent,
si tu ne joue pas au foot et que tu ne bois pas d'énormes
quantités de bière, tu te sent en contradiction avec les hommes
qui mènent ce genre de vie.
Andy : Généralement je préfère
nettement la compagnie des femmes, j'en retire toujours quelque chose de
naturel. Alors que lorsque je suis en compagnie d'un autre homme, je pense
"Est-ce qu'il va me tuer ou est-ce que c'est moi qui vais le tuer ?". Et c'est
à ça que tu penses depuis que tu es un foetus : tu as constamment
en tête que l'autre est un ennemi.
Colin : Tu es en compétition permanente avec les autres
hommes. Il n'y a qu'à voir comment les hommes peuvent avoir l'esprit de
compétition lorsqu'il s'agit de voitures. Les femmes ne sont pas comme
cela lorsqu'elles prennent leur voiture. En tout cas pas celles que je connais.
Les hommes ont constamment cet esprit de compétition, c'est dans leur
nature.
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MCITY : La dernière chanson de l'album est The Wheel And The
Maypole. Quel est le thème de ce morceau ?
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Andy : A l'origine il s'agissait de deux chansons distinctes, comme tu
peux t'en douter. La première s'intitulait primitivement "If The Pot
Won't Hold Our Love", et elle était basée sur une
métaphore sexuelle, avec un parfum rustique. Je voulais un peu
écrire une chanson folk moderne. Les compositeurs folk sont des vieux
cochons qui parlent sans cesse de sexe, mais enrobé dans des
métaphores rurales. J'ai donc rassemblé toutes les
métaphores sexuelles champêtres que j'ai pu trouver : le potier
avec sa main qui rentre dans le pot, le lapin qui pénètre dans
son terrier, la graine que l'on plante dans le sol... Mais je ne savais pas
comment terminer cette chanson. À côté, j'avais une autre
chanson qui s'appelait "Everything Decays", et qui parlait de la fin d'une
relation, de comment les résidus de cette relation finissante
nourrissaient une nouvelle relation et une nouvelle vie. J'ai en effet toujours
été fasciné par le cycle "naissance, vie, mort". Et je ne
savais pas comment débuter cette autre chanson. J'ai alors eu
l'idée de les coller ensemble par la hanche, et ça m'a
semblé bien fonctionner. Donc il y a une chanson qui se transforme en
une autre chanson, avant qu'elles ne s'empilent l'une sur l'autre pour
procréer. À la fin elle se retrouvent vraiment au lit toutes les
deux ! Ceci prouve donc bien qu'il ne faut jamais jeter une bonne idée
de chanson !
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