Kultüre
XTC, de la new-wave à la domestic pop...
Des débuts noisy new-wave en forme de fausse piste aux influences MC5iennes — "On étaient très timides, on se faisait une carapace de bruit." dixit Andy Partridge — à la domestic pop de "Homegrown", le parcours atypique d' XTC, le groupe d'Andy Partridge et Colin Moulding, n'est pas une pop story de plus mais bien, à leur façon, "a band with attitude".
Les Star Park puis Helium Kidz, originaires de Swindon (UK), s'additionnent en 1975 des musiciens Terry Chambers, Dave Cartner et Johnny Perkins et deviennent XTC. Bientôt rejoint par Barry Andrews, le groupe signe avec Virgin et sort en 1978 son premier album : "White Music". Gauche et arrogant selon Partridge, rejeté par les punks, "White Music" retient néanmoins l'attention des critiques qui n'hésitent pas cependant à qualifier la musique des XTC de "new-wave caricaturale".
"Go 2", enregistré à Abbey Road, écrit dans l'urgence et dans la même énergie que "White Music", sortira la même année. La pochette, un manifeste tapé à la machine tourne en dérision l'aspect commercial des visuels des disques et sera considérée comme un exemple marquant d'un certain esprit de l'époque. Le départ de Barry Andrews, remplacé par Dave Gregory, marque le début d'incessants changements de line-up qui aboutirons à la formation actuelle, le duo Partridge-Moulding. "Go 2" et surtout "Drums and Wires" (1979) avec l'entêtant "Making Plans for Nigel" marque l'apogée de leur succès commercial. A mi-chemin entre pop new-wave et ritournelle enfantine, le son unique d'XTC explose les charts. "Drums and Wires" surprend par un étonnant mélange de morceaux frais qui ne sont pas sans rappeler le son de Madness (Helicopter) et la noirceur énigmatique de morceaux tels que "Complicated Game".
En 1980, "Black Sea", produit par Hugh Padgham scelle pour plus de vingt ans une véritable collaboration en binôme aux inspirations complémentaires pour Partridge et Moulding. Deux ans plus tard, "English Settlement", au son très acoustique à base de douze cordes et de basse fretless, atteint la cinquième place des charts, le groupe tourne quasiment en permanence. Pourtant, les artistes ne voient pas la couleur de leur argent et Partridge se met à rêver d'une vie "normale". Epuisé, à bout de nerfs, il quitte la scène au cours d'un concert parisien pour ne plus jamais y revenir. XTC sera désormais exclusivement un groupe de studio. De plus, le noyau dur d'XTC ne se reconnaît pas dans cette existence pop où ils ont la désagréable impression de jouer un rôle. Partridge se tourne vers ce qu'il appellera "l'artisanat du disque" et se consacre à une vie familiale dans la campagne anglaise.
Les albums suivant rencontrerons un succès plus mitigé: "Mummer" (1983), produit par Steve Nye et l'autobiographique "Big Express" (1984), deux disques à la production très travaillée, les compos n'ayant plus besoin d'être jouées live. Puis, en 1986, avec l'intimiste "Skylarking", produit par Todd Rundgren, les portes du marché américain s'ouvrent et le groupe commence à travailler sur "Oranges and Lemons" (1989) à Los Angeles. A l'inverse de l'introverti "Mummer", cet album produit par Paul Fox (Boy George, Yes) dégage une impression d'optimisme et de verve joyeuse inspirée des sixties, assorti d'une cover de style pop art. Début 90's, le groupe retourne en Angleterre pour enregistrer "Nonesuch" (1992), produit par Nick Davies. L'album, pourtant inspiré, est un échec commercial et quitte les charts anglais au bout de deux semaines. C'est également le début d'un long conflit avec Virgin qui ne prendra fin qu'en 1996. Fin 1997, le désormais duo XTC signe avec Cooking Vinyl Records et "Apple Venus Vol 1" sort en 1999. La guitar-pop du groupe s'enrichit d'orchestrations aux détails finement ciselés, qui n'est pas s'en rappeler les compos de Brian Wilson (ex Beach Boys). Puis, l'année suivante, "Wasp Star/Apple Venus Vol 2" toujours produit par Nick Davies synthétise les influences hétéroclites du groupe : de Walt Disney au Kinks en passant par les Beatles, la poésie domestique de Partridge font de ce disque un petit joyau de pop acidulée dont se délecte un cercle de fidèles initiés.
La sortie en mai dernier de "Homegrown", une compilation de demo-versions des titres figurants sur "Apple Venus 1&2 / Wasp Star" enregistrées en home studio. L'occasion pour les fans et pour les curieux de rentrer dans l'intimité du processus de composition de ce groupe hors norme.
(publié initialement dans le fanzine "Follower" — avec l'autorisation de l'auteur)